Le Cotec Picardie s’engage contre les risques pour les femmes enceintes
Le désir d’enfant est quelque chose de personnel, qui se construit petit à petit au sein du cocon familial et hors de la sphère professionnelle. Cependant, certains métiers confrontent la maternité aux risques potentiels liés à l’exercice d’une profession. Au début de l’année 2013, le Cotec Risques Chimiques de Picardie s’est intéressé de près aux futures mamans en publiant un dépliant d’information à destination du grand public dans le département de la Somme.
La maternité ne fait pas toujours bon ménage avec le métier qu’on occupe : le souhait d’enfanter ou le fait de tomber enceinte peut amener à reconsidérer son environnement de travail afin d’en examiner les risques potentiels. Cependant cette démarche, bien que naturelle (la maternité est un moment unique où la future maman est beaucoup plus à l’écoute de son corps et se protège des agressions extérieures) est loin d’être automatique. Il est acquis que des dangers menacent la santé des fœtus dans le cadre des pratiques personnelles et de l’environnement privé (tabac, alcool, stupéfiants) et la future jeune maman est prompte à éloigner ces dangers d’elle-même et de son petit à naître. Cependant, en fait-elle de même sur son lieu de travail, face à des risques moins évidents et pourtant identifiables ?
Il était donc important de rappeler le public à la vigilance avec des règles simples incluant tout d’abord la vérification des pictogrammes présents sur les emballages des produits manipulés dans le cadre professionnel : chacun peut être confronté à l’utilisation de produits qui peuvent paraître anodins et pourtant ont un impact sur le corps, d’avant la conception jusqu’après la naissance.
De nombreux secteurs d’activité sont concernés par ces préconisations : industrie, imprimerie, santé, coiffure, esthétisme, nettoyage de locaux, pressing… et c’est l’occasion de faire un vaste tour d’horizon en évoquant également les agents biologiques, les risques physiques et les conditions de travail avec comme mot d’ordre… la vigilance !
L’idée d’un dépliant d’information qui serait présent là où les futures mamans sont les plus susceptibles de le trouver est venue naturellement : elles sont souvent amenées à effectuer un test de grossesse qu’elles achètent en pharmacie, avant de confirmer leur état par analyse sanguine. Il faut donc que l’on puisse trouver ces plaquettes dans les officines et qu’elles soient remises par les pharmaciens eux-mêmes en accompagnement de l’achat. Les dépliants seront également disponibles en libre-service au niveau des étagères « puéricultures » afin de toucher les femmes déjà enceintes, mais également celles qui ne sont qu’au stade de la réflexion sur l’opportunité de concevoir un bébé.
Ce projet est donc expérimenté sur les 228 officines de pharmacie de la Somme, territoire concerné par les travaux du COTEC Picardie.
Les services de Santé au Travail du CHRU d’Amiens et de l’ASMIS (Association Santé et Médecine Interentreprises du département de la Somme) seront mis à contribution pour l’évaluation de cette action. En effet, à partir du printemps 2013, lors des visites de reprises du travail, ces institutions ont vérifié si la plaquette est parvenue jusqu’à la jeune maman, afin de collecter le niveau de diffusion et de connaissance des informations contenues.
Enfin, cet outil de communication est également le moyen de mettre en avant le rôle du médecin du travail en tant qu’interlocuteur privilégié et opérationnel. Ainsi Prudence deviendra mère de Sûreté.
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Que sont les Cotec ?
Les COmités TEChniques ont été créés pour animer les 12 thématiques du Plan Régional de Santé au Travail (PRST) de Picardie, à savoir : 7 familles de risques, 2 maintiens dans l’emploi et 3 axes transversaux. Ils regroupent les institutions ou services ayant affiché leur volonté de conduire des actions dans le domaine considéré.
Les bénéfices d’un travail en Cotec dans la mise en œuvre du PRST sont :
- L’échange d’informations, de bonnes pratiques et de la mutualisation des actions.
- L’amélioration de la prise en compte des risques professionnels par l’ensemble des acteurs.
- La coopération afin d’améliorer la connaissance sur les risques professionnels.
Le rôle des Cotec :
- Identifier les différentes actions existantes, communes à plusieurs institutions ou à l’initiative de l’un des partenaires seulement.
- Vérifier leurs cohérences par rapport au PRST et proposer leur inscription dans le plan.
- Créer de nouvelles actions intégrables au PRST.
- Intégrer ces actions dans des fiches actions (état des lieux, objectifs visés, modalités pour les atteindre, échéancier, critères d’évaluation, composantes du groupe de travail).
- Mettre en œuvre les actions.
- Renseigner les indicateurs d’évaluation des actions.
- Répondre aux saisines du Comité Régional de Prévention des Risques Professionnels.
Un autre exemple : des journées nationales de médecine du travail et notamment un poster
Petit retour en arrière, avec le congrès national de médecine du travail de 2014, et un exemple justement de production en partenariat.
Du 5 au 8 juin 2012, à Clermont-Ferrand, se sont tenues les 32 e journées de la Médecine du Travail. La Carsat était présente, et y a exposé un poster figurant une étude menée en partenariat avec l’ASTAV (service de santé au travail du valenciennois) sur les expositions aux métaux dits CMR des fumées de soudage sur une population de soudeurs.
En juin 1980, l’Auvergne avait eu l’honneur d’organiser les 16ème Journées Nationales de Médecine du Travail. Les préoccupations d’alors étaient de concilier la Maternité et le Travail, de réduire les risques liés au travail du bois, de redéfinir le rôle et la formation du personnel infirmier d’entreprise. Le 33e congrès en 2014, demain, fera la part belle à la pluridisciplinarité et aux nouveaux enjeux liés à la réforme de la médecine du travail. Les acteurs de la Santé au Travail, médecins, infirmiers et équipes pluridisciplinaires réfléchissent sans cesse aux meilleurs moyens de réaliser leurs missions et préserver le sens de leur action. Le contexte institutionnel évolue, l’Etat fixant ses orientations par le deuxième Plan Santé au Travail 2010-2014. Le Législateur réforme le dispositif de Santé au Travail, les conseils de l’ordre médecins et infirmiers ayant fait part de leurs préconisations. Ces évolutions rendent indispensables les temps de rencontre et de réflexion.
Réfléchir, mais sur quoi ? Sur des études par exemple, et c’est là qu’intervient le partenariat entre l’ASTAV et la Carsat, et l’objet présenté au congrès. Le soudage est une des priorités de la Carsat, elle y travaille depuis 2009 dans le cadre d’une action prioritaire de prévention. L’objectif de l’étude était la caractérisation des expositions, c’est à dire cibler précisément les polluants CMR auxquels la population « test » de soudeurs à l’arc était confrontée. Le tout face aux valeurs limites d’exposition (VLEP). Il est notamment démontré dans cette étude que des dépassements caractérisés des VLEP des fumées de soudage sont plus fréquentes dans les TPE que dans les grandes entreprises. Les conclusions de l’étude amènent nécessairement à des pistes pour alimenter des démarches de prévention :
– Assurer un renouvellement d’air suffisant par une ventilation générale adéquate et le suivi des installations.
– Privilégier la mise en place de systèmes d’aspiration/évacuation des fumées efficaces (tables aspirantes, bras, torches…) afin de réduire l’exposition des soudeurs y compris lors des activités connexes et celle des salariés à proximité du poste de soudage.
– Informer les salariés des risques professionnels et des effets synergiques du tabac
– Former les salariés à l’utilisation systématique des équipements de protection