Une thématique à la croisée entre santé publique et santé professionnelle !

 

Saviez-vous que les maladies cardiovasculaires représentent 63 % des accidents mortels au travail ? Elles sont la 1ère cause de décès au travail devant les suicides et le risque routier !

 

Le 27 janvier dernier, cette thématique a fait l’objet d’un exposé par des experts de la Carsat Hauts-de-France, à l’occasion de la journée Marcel Marchand en partenariat avec l’ISTNF qui proposent aux professionnels de santé-travail d’approfondir leurs connaissances sur des thèmes cliniques.

 

Retour sur cette présentation qui permet de mieux connaître la situation en région Hauts-de-France, mais aussi de s’intéresser aux divers facteurs et d’envisager des solutions collectives.

 

 

Santé publique, santé au travail : une ambition commune !

Aujourd’hui, la prévention des maladies cardiovasculaires est principalement centrée sur les facteurs de risques individuels tels l’alimentation ou le tabagisme. Or, le rôle joué par l’environnement professionnel est avéré.

La présomption d’imputabilité* implique qu’un accident qui se déroule sur le lieu et sur le temps du travail est considéré comme un accident du travail. Ainsi apparait la nécessité de voir la santé au travail et la santé publique se rejoindre par une prévention collective en entreprise.

 

Quel constat en région Hauts-de-France ?

Avec plus de 137 000 entreprises accompagnées en région, la Carsat Hauts-de-France est l’interlocuteur privilégié en matière de prévention et de santé au travail.

D’un point de vue chiffré, le nombre total d’accidents du travail qui a conduit au décès de la victime s’est accru ces dernières années notamment parce que les malaises cardiovasculaires ont augmenté et qu’ils sont désormais davantage reconnus. Ainsi, pour les années 2020 – 2021, 63 % des accidents mortels sont liés à des malaises en région. Les premiers chiffres de l’année 2022 montrent des conclusions identiques, la tendance se poursuivant.

Ces accidents mortels par malaise concernent majoritairement les hommes (86%) et touchent plus particulièrement 3 secteurs d’activités :

  • Les transports
  • L’intérim
  • Le secteur médico-social.

En région Hauts-de-France, c’est le secteur des transports qui est le plus touché. Ce secteur regroupe à lui seul 1 malaise mortel sur 4, alors qu’il ne représente que 11 % de l’emploi régional pour le régime général. Une sur-exposition qui n’est pas anodine puisqu’elle est la conséquence du cumul de plusieurs facteurs…

 

Maladies cardiovasculaires : une origine multifactorielle

Le risque cardiovasculaire a une origine multifactorielle, mais certaines situations de travail l’aggravent. 4 grands types de contraintes sont identifiés. Elles concernent plus particulièrement certains secteurs d’activité dont les plus exposés sont mentionnés dans le tableau ci-dessous. Néanmoins, d’autres secteurs tels que les transports s’avèrent plus touchés qu’en moyenne !  

 

 

Les situations de travail facteur de risque cardio-vasculaire 

Type de contrainte

Effet

Secteurs majoritairement touchés

Contraintes physiques

Bruit

Secteur de l’industrie

Efforts physiques intenses

Secteur de la production d’eau, gestion des déchets, construction et industrie

Températures extrêmes

Secteur de l’industrie alimentaire

Agents chimiques

Benzopyrène, arsenic, mercure, plomb

Industrie de transformation du caoutchouc et du plastique

Contraintes organisationnelles

Durée du travail

Secteur pharmaceutique, domaine de l’édition, de l’audiovisuel et de la diffusion

Intensité du travail

Secteur de l’industrie chimique

Stress au travail

Combinaison de la forte demande psychologique et de la faible latitude décisionnel

Secteur de l’hébergement/restauration, de la santé, des activités financières, des assurances et de l’industrie de transformation du caoutchouc et du plastique

 
Source : Carsat Hauts-de-France d’après l’enquête Sumer
2016-2017.

 

Les contraintes professionnelles peuvent engendrer des habitudes dans le mode de vie qui vont favoriser certains risques. L’hypothèse d’un lien entre contraintes du travail, mode de vie et état de santé peut être établie.

 

Si l’on prend comme exemple la consommation de café dans le secteur du transport et de l’entreposage (identifié comme surexposé aux malaises conduisant au décès), 15,5 % des salariés ont une consommation importante de café avec plus de 4 tasses par jour, contre 12,9 % en moyenne. Pour ce même secteur, on constate également plus souvent des cas de surpoids/obésité mais aussi des problèmes d’hypertension artérielle. Si ces éléments (consommation de café, surpoids…), ne sont pas directement imputables aux conditions de travail, il est légitime de faire l’hypothèse que la vie professionnelle puisse influencer les comportements dans la sphère privée. Dès lors, la prise en compte des enjeux en lien avec la santé au travail passe aussi par le lien avec les problématiques de santé publique.

 

Les leviers de prévention sont multiples sur ce risque

La question qui se pose maintenant est : comment agir en prévention sur les accidents mortels dus à des malaises cardiovasculaires ? Cette question est devenue prégnante sur cette thématique, aussi les diverses parties prenantes que sont la Carsat, les entreprises, les services de prévention, la Dreets, les CPAM, ou encore l’ISTNF afin de mener une réflexion commune.

 

De plus, le PRST 4 intègre un COTECH sur cette thématique afin de pouvoir harmoniser et partager les données, envisager des solutions, mais également permettre une montée en compétences de l’ensemble des interlocuteurs.

 

*L’article L. 411-1 du Code de la sécurité sociale institue une présomption d’imputabilité de l’accident au travail, dans la mesure où il pose en principe que tout accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail, quelle qu’en soit la cause, est considéré comme un accident du travail.