Si on vous parle brioche et pâtisserie, surgissent dans votre esprit des sensations gourmandes, mêlant odeurs et saveurs. Cependant pensez-vous troubles musculo-squelettiques ? Comme dans toute activité, même culinaire, les contraintes physiques ont un impact sur l’humain. Et l’entreprise picarde l’a bien compris, prônant une prévention toute en synergie !

Vron est une commune du Marquenterre, à 15 km de la Baie de Somme. A la périphérie du village se situe l’usine Brioche Pasquier, en lieu et place de l’entreprise Les Vergers de Moimont, pâtisserie rachetée en 1992 par le groupe. De 2 lignes de production pour 72 salariés en 1993, Brioche Pasquier compte aujourd’hui 7 lignes de production et 289 employés en CDI.

Mais voilà, certaines activités conduisent à l’ensemble des contraintes physiques qui potentiellement peuvent dégrader petit à petit la santé des salariés. Et effectivement, trois maladies professionnelles se sont déclarées en 2013, en lien avec les TMS. Mais l’entreprise avait déjà pris la mesure du problème en travaillant sur la thématique et adaptant son organisation.

 

A ce sujet, laissons la parole à Christine Loé, responsable Santé Sécurité Environnement :

 

« Notre culture d’entreprise favorise l’émergence du dialogue et la réussite des projets : nos équipes ont une moyenne d’âge peu élevée (37 ans) et nous fondons nos principes sur la responsabilité individuelle, le développement des compétences et la proximité entre les salariés avec le tutoiement sur l’ensemble des sites, une salle de pause commune. De plus nos unités de production restent à taille humaine, de 20 à 60 personnes par ligne de production.


Page 9 Brioches PasquierEn ce qui concerne la pénibilité, cela fait des années que nous travaillons sur la prévention. Depuis 2011, avec l’aide de Jean Pierre Jagodzik, ingénieur conseil à la Carsat Nord-Picardie, nous avons amené de la méthode par le biais de deux approches complémentaires que sont un outil d’évaluation des postes de travail et des groupes de travail.

Pour le versant outil, une société nous a aidé à développer un logiciel reprenant 12 critères de pénibilité et nous permettant de la coter sous forme  « d’évaluation objective » (port de charge, effort poussés-tirés, contraintes positions extrêmes maintenues, gestes répétitifs, températures, bruits, produits chimiques,…) et ainsi de hiérarchiser et dimensionner les projets à mettre en œuvre. Cependant, il est important de vérifier si l’évaluation est cohérente avec ce que les salariés ressentent.

En ce qui concerne la partie groupes de travail, nous organisons tous les 6 mois des réunions avec l’ensemble des équipes, afin de remonter les dysfonctionnements, qu’ils soient techniques, humains ou organisationnels. Ces réunions sont l’occasion de noter toutes les idées et les problématiques et d’en extraire, grâce au vote des participants, des priorités : conditions de travail, qualité de travail, sécurité produit, qualité alimentaire ou panne machine. Mais notre culture fait que nos équipes n’attendent évidemment pas ces réunions pour remonter les informations, c’est un dialogue au quotidien sur les difficultés et les actions à mettre en place qui s’instaure. Il est essentiel de donner la parole, mais également d’en favoriser l’écoute ! »

Une formation, des outils, et surtout une cause commune

« La formation APPTMS (Animer un projet de prévention des troubles musculo-squelettiques) de la Carsat Nord-Picardie, m’a énormément apporté. J’ai pu me saisir pleinement du sujet et des aspects théoriques, mais également venir avec un exemple concret comme exercice pratique. Une des maladies professionnelles touchant un préparateur de commande y a fait l’objet d’une étude par le biais des outils proposés par la Carsat, notamment la méthode DAC (Déterminants Activités Conséquences).

Trop souvent on a tendance, même quand on travaille de façon méthodique au sein d’un groupe avec des gens de compétences différentes, à se jeter sur les solutions avant même d’avoir bien identifié la problématique. Cette méthode aide à aller plus loin : les postes les plus exposés en matière de TMS sont identifiés grâce aux critères d’évaluation mais également en fonction des observations et des remontées (sans bien sûr oublier les MP reconnues). Puis ils sont observés, filmés et décrits afin de découper l’action de l’opérateur en une succession de mouvements (Activité). Une fois que cette partie est écrite, on en déduit les Conséquences, puis on recherche les Déterminants : ce sont les événements qui obligent le salarié à agir d’une certaine manière et pas autrement. Enfin on réfléchit aux solutions adaptées au sein du groupe pluridisciplinaire (le responsable de la logistique, le chef d’établissement, un opérateur, un infirmier, une personne du service méthodes et projets et moi-même).

Tous les trois mois, le groupe de travail présente les solutions proposées au CHSCT présidé par le chef d’établissement pour validation. Car il est indispensable d’effectuer les modifications en concertation avec l’ensemble des acteurs : ne pas imposer les changements sans les comprendre et y participer.

Parmi les derniers projets, nous avons mis en place un outil pneumatique à commande manuelle d’ouverture des boîtes de fruits au sirop et un palettiseur automatique. Prochainement, nous souhaitons automatiser la dépose des fruits et le chiffonnage des meringues (manière de créer le décor de la meringue sur la tarte).

En termes financiers, la prévention coûte, cependant, Brioche Pasquier récupère son investissement grâce à la qualité et la régularité des productions mais également par la sauvegarde de son principal atout : son salarié ! »

 

Contact : jean-pierre.jagodzik@carsat-nordpicardie.fr

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