L’aide à domicile, un secteur dynamique faisant face à de multiples risques professionnels
Secteur en croissance, l’aide à domicile recouvre des métiers et des activités très diversifiés. Les modes d’exercice sont aussi variés, avec une majorité de particuliers employeurs. Néanmoins, le suivi des conditions de travail et des risques professionnels ne peut se faire aisément qu’auprès des sociétés prestataires.
Au sein du régime général, les structures agréées proposant des services d’aide à domicile sont au nombre de 458 en 2012 pour les régions Nord – Pas-de-Calais et Picardie. A celles-ci s’ajoutent 18 Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) dispensant exclusivement de l’aide à domicile et employant des salariés par le biais de contrats de droit privé.
Le secteur de l’aide à domicile ainsi défini regroupe 15 253 salariés pour l’année 2012, soit 1% de l’effectif régional. Malgré la crise économique touchant la France et de façon plus marquée les régions Nord – Pas-de-Calais et Picardie, le secteur de l’aide à domicile affiche un dynamisme avec des créations d’emplois continues.
Le périmètre des établissements de l’aide à domicile
Les établissements pris en compte sont ceux classés sous le code risque 853AB – Services d’aide sociale à domicile (auxiliaires de vie, aides ménagères …), impliquant qu’ils bénéficient de l’agrément attribué par les Direccte (Direction régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi). A été ajoutée une partie des établissements du code risque 751BB – Etablissements publics médico-sociaux des collectivités territoriales, c’est-à-dire les CCAS qui dispensent exclusivement de l’aide à domicile.
En parallèle, l’aide à domicile apparaît être un secteur où les risques professionnels sont accrus. Au nombre de 1 338 en 2012, les accidents du travail avec arrêt progressent plus vite que l’emploi. Ainsi, les indicateurs de fréquence des accidents se dégradent rapidement dans le secteur, alors que la fréquence des accidents diminue au global en région.
Le secteur de l’aide à domicile affiche des indicateurs de sinistralité proches de ceux observés dans le BTP : avec près de 88 accidents pour 1 000 salariés [1], les accidents du travail sont 2,3 fois plus fréquents qu’en moyenne. Ils sont aussi 2,5 fois plus graves, au vu du taux de gravité qui rapporte le volume de jours d’arrêt consécutifs à un accident du travail à mille heures travaillées, indicateur qui se dégrade également.
[1] Cet indicateur correspond à l’indice de fréquence, c’est-à-dire le nombre d’accidents du travail avec arrêt pour 1 000 salariés.
Des accidents du travail deux fois plus fréquents qu’en moyenne
Source : Carsat Hauts-de-France
Un accident du travail sur trois a lieu lors d’un déplacement de plain-pied, et un accident sur trois a une cause diverse d’accident où sont notamment comprises les rixes. A noter qu’un accident sur dix est une chute de hauteur. La région lombaire est souvent le siège de la lésion, avec près de un accident sur cinq.
Les accidents routiers professionnels sont également fréquents, qu’ils aient lieu lors du trajet domicile-travail ou lors des déplacements effectués dans le cadre du travail. En 2012, ce sont 187 accidents routiers qui ont impliqué des salariés de l’aide à domicile, soit 3,6% des accidents routiers professionnels de la région, ce qui représente un poids élevé au regard du poids de l’emploi du secteur (1% des emplois régionaux).
Les salariés de l’aide à domicile font aussi face à un risque important de maladies professionnelles, avec 98 maladies reconnues comme étant d’ordre professionnel en 2012 dans les régions Nord – Pas-de-Calais et Picardie. Ainsi les maladies professionnelles sont dans le secteur 2,2 fois plus fréquentes qu’en moyenne, avec 6,4 maladies pour 1 000 salariés de l’aide à domicile.
Les maladies professionnelles sont majoritairement des troubles musculo-squelettiques, avec 95 maladies pour l’année 2012. Les autres cas sont des maladies liées à des agents infectieux ou parasitaires.
Une majorité de troubles musculo-squelettiques
Source : Carsat Hauts-de-France, données 2012.
Note : les tableaux 57 – Affections péri-articulaires et 98 – Lombalgies dues aux manutentions manuelles figurent par mi les troubles musculo-squelettiques.
Des contraintes organisationnelles et psychosociales
Les informations disponibles ne permettent pas d’éclairer la question des risques psychosociaux. Or cette problématique est réelle dans les métiers de l’aide à domicile où les salariés font face à de nombreuses sources de risques psychosociaux, comme les contraintes organisationnelles provoquant l’épuisement professionnel (temps de déplacement, horaires décalés et mal répartis), l’attachement aux patients ou aux personnes aidées ainsi qu’à leur conjoint, le rapport à la maladie et à la mort.