Et si l’Assurance maladie – Risques Professionnels vous donnait un petit coup de pouce ? Mise en perspective avec la boulangerie Delepierre.

Un après-midi, à Faches-Thumesnil, nous avons rendez-vous dans une boulangerie  avec le maître des lieux. Nous nous y rendons pour constater les améliorations en prévention des risques professionnels, parler risques et aides financières. Une boulangerie ? Chacun s’accordera à placer le métier de boulanger assez haut sur l’échelle imaginaire des métiers difficiles. En premier lieu, on pense aux horaires de travail. Mais avant de passer de l’autre côté du comptoir, on ne s’imagine pas la difficulté réelle du travail et les risques concernés. La Boulangerie Delepierre avait vraiment… du pain sur la planche.

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Hervé Delepierre est à la fois artisan, chef d’entreprise et pâtigoustier. Sur ce dernier terme, nous reviendrons en fin d’article. En ce qui concerne les deux premiers (termes), l’équivoque n’est pas possible. Au vu des produits et des compétences développées, le terme « boulangerie » est extrêmement réducteur : ici, on fait du pain, mais également de la pâtisserie, des plats traiteurs, des sandwichs, des glaces en été, et maintenant, du chocolat. Et tout est fabriqué « maison ».

 

La boulangerie Delepierre comprend deux établissements. Le premier est situé à Faches-Thumesnil, Il s’agit d’une boulangerie reprise en 1992 où le maître artisan et ses salariés fabriquent, façonnent et vendent. Le second, situé à Chéreng, a été repris en 2012. C’est un lieu de vente des produits fabriqués à Faches-Thumesnil. L’ensemble de l’entreprise représente 15 personnes, soit 10 ouvriers et 5 apprentis.

 

L’enseignement des métiers par l’apprentissage est d’ailleurs un des fers de lance de cette boulangerie : Hervé Delepierre met un point d’honneur à transmettre le goût du métier bien fait à des jeunes. L’entreprise est le deuxième employeur d’apprentis de la ville, notamment en lien avec le centre de formation des apprentis de Tourcoing. Mais apprendre le métier, communiquer le savoir et le savoir-faire, ce n’est pas que de la technique, c’est aussi une certaine culture de la prévention, pour permettre de tenir tout au long de sa carrière, dans ce métier exigeant.

 

Les mains, les bras, des trésors à préserver

 

Quand on y réfléchit bien, l’ennui avec les mains et les doigts, c’est qu’ils se baladent et trainent tous le temps… et les bras, quant à eux, ils ont toujours envie de se lever, de saisir des objets, d’attraper, de porter… et cela se ressent dans les principaux risques côtoyés par les salariés : avant tout, des coupures, des brûlures superficielles, et de nombreuses manutentions…

 

Et effectivement l’un des employés de la boulangerie a eu la désagréable surprise de côtoyer de trop près un couteau aiguisé. S’en est suivi un accident du travail et un tendon abîmé. Suite à cet évènement, une obligation de se former avant de pouvoir utiliser les couteaux a été mise en place.

 

Mais le propos du jour est essentiellement tourné autour des troubles musculosquelettiques et des manutentions. Ainsi, grâce à la sensibilité du chef d’entreprise envers la prévention des risques professionnels, de nombreux aménagements ont été déployés afin d’aider les employés à s’épargner tout en amenant un gain de temps :

 

  • Mise en place de silos pour la distribution en plus petites quantité des différentes farines,
  • Suppression de tous poids supérieurs à 25 kg,
  • Remplacement progressif des plans de travail pour une mise à hauteur adaptée aux différents salariés,
  • Installation de sécurités sur les machines.

 

Et avec l’aide de la Carsat (accompagnement et contrat de prévention TPE) :

  • Acquisition d’un élévateur enfourneur pour les cuissons,
  • Mise en place de hottes aspirantes (l’inhalation des poussières de farine étant un risque important),
  • Pose d’un carrelage antidérapant dans le laboratoire boulangerie-traiteur,
  • Aménagement d’une ventilation générale de ce même laboratoire.

 

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Parole à Hervé Delepierre : « 2013 a été une année charnière pour nous : j’ai toujours mis en œuvre un esprit de prévention dans l’entreprise, mais au bout d’un moment, l’esprit seul ne suffit pas, il faut procéder à de gros investissements. Ainsi, près de 10% du chiffre d’affaire a été investi dans les améliorations, heureusement que la Carsat Hauts-de-France nous a aidé ! Nous avons également fait des prêts bancaires, mais il a été difficile de financer l’ensemble (200 000 euros pour l’ensemble des améliorations) et une seule banque a cru en nous et nous a suivis. Et malgré ces aides, on peut dire que l’entreprise a failli s’arrêter mais on s’est battu pour sa survie ».

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L’avis de Claude Révéré, contrôleur de sécurité de la Carsat Hauts-de-France et accompagnateur de l’entreprise : « J’ai rencontré Monsieur Delepierre en 2013. Son entreprise de boulangerie présentait des risques habituels pour le secteur : risques de troubles musculosquelettiques, de manutentions manuelles fréquentes, locaux et équipements améliorables et bien sûr, poussières de farine omniprésentes. La sinistralité n’était pas dans le rouge, mais les risques, même partiellement maîtrisés, étaient présents.

 

Heureusement, M. Hervé Delepierre se souciait de la prévention des risques professionnels et souhaitait prendre en compte cette prévention dans les différentes démarches et projets qu’il avait. Je l’ai conseillé pour aller plus loin dans ses projets mais également sur des aspects qu’il n’avait pas pris en compte. Je lui ai, en outre, proposé une aide financière par le biais d’un contrat de prévention qui lui a permis d’aller plus loin dans ses investissements (Elévateur pour four de cuisson, hottes aspirantes, carrelage antidérapant, ventilation générale).

 

 

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A noter que les entreprises qui sont intervenues dans le cadre de ce projet ont accepté de jouer le jeu en proposant des devis plus complets et des prestations de qualité. Aujourd’hui l’entreprise, sur le plan de la prévention, est beaucoup mieux équipée. Ses prochaines actions doivent être de poursuivre l’aménagement des postes de travail pour améliorer les postures des salariés.»

 

Vous souhaitez plus d’informations sur les aides financières de l’Assurance maladie – Risques Professionnels ? Consultez notre page dédiée !

 

Et les pâtigoustiers dans tout ça ?

 

Hervé Delepierre : « Cela fait plus de 10 ans que je suis pâtigoustier. Le mot pâtigoustier est un néologisme mêlant les mots « pâtissier » et « goût ». Il s’agit d’une association loi 1901 qui a débuté à la fin des années 70 à Valenciennes. Aujourd’hui, elle comprend 12 membres triés sur le volet. Pour y rentrer, il faut être parrainé et le critère principal est la qualité des produits. C’est un petit groupe dynamique, on travaille en commun, on se conseille.

 

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En ce qui concerne les produits, les méthodes, on fait des formations ensemble pour ne pas être « has been ». L’association des pâtigoustiers est donc une réunion de professionnels qui ont des projets communs tant sur le plan de la communication que de l’approche de différentes thématiques, dont la prévention ou l’administration.»

 

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