Spécialiste du moulage de pièces en caoutchouc par injection à destination des équipementiers automobiles, l’entreprise dispose d’un savoir-faire important dans un domaine où les risques sont pléthores.

Cependant, le site s’est très tôt engagé dans de nombreuses démarches de prévention, dont la lutte contre la pénibilité.
Gamaches est située à l’extrémité méridionale de la Somme, sur le plateau du Vimeu, berceau traditionnel de la serrurerie. Cette petite bourgade, simplement coupée géographiquement de la Normandie par une rivière, la Bresle, offre son giron à l’usine Caoutchoucs Modernes, à une quinzaine de kilomètres de la côte. Créée en 1947 et implantée sur le site actuel depuis 1965, l’entreprise fait partie du groupe Hutchinson et emploie aujourd’hui 282 salariés.

La production de pièces moulées en caoutchouc génère notamment des risques liés à l’utilisation des machines, aux troubles musculo squelettiques, au bruit, à la manutention, à l’exposition aux agents chimiques. Dans une période économiquement difficile, l’entreprise continue de modifier sa structure et ses méthodes afin de prendre en compte ces facteurs de risques et les intégrer dans une démarche globale et durable de protection de ses salariés.

Vincent Drumez, animateur sécurité présent depuis 1998, nous le détaille :

« Tout d’abord grâce à l’accompagnement d’un toxicologue de Montargis, qui avait précédemment guidé le groupe Michelin, nous avons travaillé sur le risque chimique. Nous avons ensuite collaboré avec le laboratoire nantais Toxilabo qui mesure l’exposition de nos salariés dans le cadre de la création de mousses élastomères. En cherchant des indices biologiques d’exposition, nous faisons évoluer les fiches d’exposition individuelles, l’analyse et la hiérarchisation des risques, ainsi que leur maîtrise.

Nous avons donc mis en place un fichier par atelier concernant l’exposition et indépendant des seuils de pénibilité. Ce fichier nourrit les fiches individuelles d’exposition mais permet également la mesure par les différents chefs d’atelier. »

En effet, les facteurs de pénibilité sont intégrés au Document Unique selon cette formule :

  • critère de pénibilité
  • valeur du seuil réglementaire
  • valeurs mesurées sur le site
  • préventions collectives mises en place, leur efficacité

 

De plus, les maladies professionnelles déclarées sont intégrées dans le risque du poste, même si ce poste n’est pas exposé au facteur de risque.

 

Expression(s)

 

En fin d’année 2011, 20 groupes d’une quinzaine de salariés ont été constitués afin de resensibiliser l’ensemble des équipes à la sécurité et anticiper le changement législatif. Les remarques de chacun ont été collectées et remontées.

 

Alain Luère, directeur du site nous en fait la genèse : « La sécurité n’était pas vraiment la culture du site et auparavant il était difficile de faire comprendre aux équipes les avancées et l’intérêt des modifications. Au final, les salariés n’avaient pas l’impression d’être écoutés, le changement se faisait sans eux. Associer l’ensemble du site dans la démarche fut l’élément déclencheur d’un dialogue et d’évolutions établies sur la même longueur d’onde. Nous avons montré l’implication de tous, direction et techniciens dans un même but. »

photo salarie 1

S’obliger à changer, au final, c’est du gain pour tous !

La culture sécurité de l’entreprise a évolué : chaque atelier et équipe s’est doté d’un correspondant sécurité avec des missions d’écoute, d’enregistrement des risques, de corrections et de remontées afin de déterminer les priorités, sans compter les audits croisés !

En parallèle, l’entreprise a amélioré ses flux de production, la qualité des moulages, la finition, la post vulcanisation en étuve et le conditionnement des produits finis. Les flux ont été rationalisés par « îlots intégrés », en particulier les flux de chariots. Les techniciens sont responsables du produit de A à Z, avec plus de polyvalence et moins de répétitions des gestes et mouvements.

Les salariés déclarés inaptes n’ont pas été laissés de côté avec la mise en place de postes de travail adaptés, étendus ensuite à l’ensemble du site.

Au final, beaucoup d’investissements financiers, mais des résultats en retour.

Néanmoins il ne serait pas opportun de cacher les difficultés économiques du secteur dans son ensemble et les tensions et le stress qu’elles procurent au sein même de l’entreprise. Un plan de départ volontaire a été mis en place au printemps dernier.

Cependant les projets d’amélioration ne s’arrêtent pas pour autant : des cages de sécurité vont être prochainement installées autour des presses d’injection du caoutchouc, tout comme des tapis roulants pour amener les pièces aux opérateurs. Et ainsi moule-t-on, chez Caoutchoucs Modernes, le contour de la sécurité de demain.

 

L’avis de la Carsat Nord-Picardie

par Patrice Grimonprez, contrôleur de sécurité

 

L’entreprise Caoutchoucs Modernes a été l’une des toutes premières entreprises du secteur du Vimeu à démarrer une étude interne liée à la Loi sur la Pénibilité au travail.

Depuis plusieurs années d’ailleurs, M. Drumez, animateur sécurité, entretient des rapports privilégiés avec la Carsat dans le but d’améliorer les conditions de travail (conseils auprès de l’agent de secteur, interventions de notre Laboratoire d’Evaluation des Risques Professionnels) et effectue un point régulier au sujet de l’évaluation des risques professionnels. C’est ainsi que l’évaluation des risques chimiques a rapidement été intégrée dans le document unique, base notamment aujourd’hui de la partie « exposition aux agents chimiques dangereux » pour l’étude de la pénibilité au travail.

L’établissement est bien évidemment motivé, voire poussé par le groupe Hutchinson, mais la volonté de départ existe depuis de nombreuses années déjà. La méthode mise en place pour l’étude de la pénibilité au travail en est d’ailleurs une nouvelle preuve.

 

Contact : patrice.grimonprez@carsat-nordpicardie.fr